Réédition du premier traité de comptabilité en langue française sous la direction de Yannick Lemarchand, Antoine Fabre et Gautier Gond.
Repéré il y a quelques années sur le catalogue de la Médiathèque François-Mitterrand de Poitiers, au hasard d'un butinage bibliographique, un exemplaire de cet ouvrage rarissime n’avait jusque-là guère attiré l’attention, alors que l’on n’en connaissait que quatre autres au monde, conservés à la Bibliothèque Royale de Belgique, à la British Library et dans les collections des universités de Berkeley et Columbia.
Publié moins de cinquante ans après les Particulares de computis et scripturis de Luca Pacioli (Venise, 1494), la Nouvelle Instruction a joué un rôle déterminant dans la diffusion de la comptabilité en partie double en Europe du Nord. On y retrouve les principaux outils et dispositifs que les comptables continuent de mettre quotidiennement en œuvre depuis plus de cinq siècles.
Après avoir voyagé en Espagne et au Portugal puis effectué un séjour d’une douzaine d’années à Venise « auquel lieu il a veu, congneu et apprins, à tenir livres et escriptures et faire comptes à la manière itallianne », Jehan Ympyn (~ 1490 – 1543) s’établit comme mercier à Anvers en 1519. A la différence de la plupart des auteurs qui vont lui succéder, il n’est donc pas un enseignant mais un véritable marchand. Parfaitement au fait des pratiques commerciales de son temps il se montre apte à en traiter de manière simple et pédagogique.
Sa Nouvelle instruction commence par un exposé théorique des principes de la technique italienne, le « livre d’information et instruction », largement inspiré de l’ouvrage de Pacioli. Mais il va plus loin que son illustre prédécesseur en intégrant à son ouvrage une partie que l’on peut qualifier de pratique et qu’il a nommée « l’exemplaire ». Il y met en œuvre les préceptes précédemment exposés dans les livres de comptes d’un marchand anversois imaginaire. Ce modèle pédagogique sera scrupuleusement reproduit par de très nombreux auteurs de manuels, parfois même jusqu’au milieu du XIXe siècle et souvent appliqué tel quel dans l’enseignement durant quatre siècles.
La réédition se présente sous la forme d’une transcription commentée de l’introduction de l’ouvrage et de sa partie théorique, mais pour la partie pratique il a été estimé plus judicieux de montrer les écritures du journal et les comptes du grand livre dans leur forme originale, autrement dit en ayant recours à la photographie, qui seule permet de se mettre à la place d’un lecteur du XVIe siècle. L’ensemble est précédé de trois textes visant à le contextualiser et le rendre plus facilement abordable au lecteur d’aujourd’hui, qu’il soit ou non familier des méthodes comptables et de leur histoire.
Coordination des travaux : Yannick Lemarchand, Professeur émérite en sciences de gestion, Université de Nantes ; Antoine Fabre, Maître de conférences en sciences de gestion, Université Paris-Dauphine ; Gautier Gond, Maître de conférences en sciences de gestion, Université de Tours.